LE REFUGE
Ce travail est le fruit d’une résidence artistique commanditée par le collectif Transit grâce à une aide à la création de la ville de Montpellier.Les évènements sanitaires ont eu pour conséquence l’annulation du festival des Boutographies qui devait présenter ce travail au mois de mai 2020. Les promenades photographiques ont donc proposé d’accueillir l’exposition cette année.
Une résidence est un travail de recherche. Il s’agissait là de parler de la ville et d’une agglomération montpelliéraine en pleine mutation. Rechercher sans savoir ce que j’allais trouver. Face à la vacuité de la page blanche, arpenter la ville était la seule solution.
J’ai commencé par ce je le fais d’habitude, analyser son dessin, ses axes, ses limites, les différentes caractéristiques qui composent un tissu urbain, sur des plans, des cartes, et en voyageant sur toutes les lignes de tramway ou de bus, d’un bout à l’autre. J’ai marché aussi le long de la frontière communale, le long du Lez ou de La Mosson.
J’avoue m’être perdu dans cette page blanche, ne sachant pas comment aborder mon sujet, en tentant différentes approches, différents médiums, de la chambre 4x5’’ au numérique.
Comme refuge, j’ai trouvé les berges de la rivière, ou plutôt du plus petit fleuve de France, Le Lez et ses berges vertes. Une trentaine de kilomètre à peine. C’est sur ce fil de l’eau, de sa naissance à son embouchure que j’ai décidé de concentrer mon travail. J’y ai trouvé des espaces de nature, sauvages ou maitrisés, bucoliques, parfois improbables, pour enfin arriver à cette série d’images que j’ai voulu végétale jusqu’au bout.
Quand vint le travail de tirage, je me suis mis à écumer des dizaines de papiers disponibles dans les magasins de beaux-arts.
Les photos présentées ici sont des tirages pigmentaires sur papier Lokta. C’est un papier fait main avec les fibres d’un arbuste, le Daphne Papyracea, ou Lokta qui pousse sur les hauteurs du Népal. Son irrégularité et ses aspérités le rendent quasi incompatible avec l’impression. Sa teinte naturelle se situe dans celles des variations saisonnières du végétal et des sols. Elle évoluera sans doute de manière aléatoire dans le temps permettant à l’image d’incarner les mutations de la nature.
Cyrus Cornut
THE REFUGE
This work is the result of an artistic residency commissioned by the Transit photography collective with a creative grant from the city of Montpellier, France.
A residency is a work of research. The aim was to focus on the city of Montpellier and its rapidly changing urban space. Searching without knowing what I was going to find and faced with the emptiness of the blank page, walking around the city was the only solution.
I started as I usually do, by analyzing its layout, its routes, its limits, and the various characteristics that make up an urban fabric through maps and by traveling all the streetcar and bus routes from end to end. I also walked the city limits, along the Lez and Mosson rivers.
I admit I got lost in this blank page, not knowing how to tackle my subject, trying various approaches, various mediums, from large format to digital cameras.
I found refuge in the green banks of one of the smallest rivers in France, Le Lez. It is barely thirty kilometers long. I decided to concentrate on this waterway, from source to mouth. I discovered both wild and managed, bucolic and sometimes implausible natural spaces, finally producing this series of images that I intended to be green throughout.
When it came to printing, I began to search through the dozens of paper types available in fine art stores.
The photos featured here are pigment prints on Lokta paper. This is paper made by hand from the fibers of the Daphne Papyracea, or Lokta, shrub that grows high in Nepal. Its unevenness and roughness make it almost incompatible with printing. Its natural hue is consistent with the seasonal variations of the plant and the soil. It will undoubtedly evolve randomly over time, allowing the image to embody nature's transformations.